Il les appelle «les enfants de l’ombre». C’est pour eux, les enfants atteints de cancer, que Marc Ansari s’active. Recherche, clinique, quête de fonds : le médecin quadragénaire est sur tous les fronts. Samedi, une soirée de gala organisée par la Fondation Dubois-Ferrière Dinu Lipatti permettra de récolter des fonds pour soutenir un de ses projets de recherche.

Alors que le cancer de l’enfant intéresse peu les groupes pharmaceutiques – les cas restent rares – et que l’argent public manque, les chercheurs doivent de plus en plus se tourner vers le privé. Fin 2011, ce  pédiatre formé à Genève et à Montréal a créé une plateforme de recherche en hématologie et oncologie pédiatrique, qui réunit des chercheurs d’horizons différents. Avec un objectif: parvenir à un traitement individualisé du cancer, plus efficace et moins toxique pour les enfants.

TdG : Combien d’enfants malades du cancer soigne-t-on à Genève?

Dr Ansari : Chaque année, à Genève, une trentaine d’enfants sont diagnostiqués avec un cancer ; nous avons en permanence 8 à 10 enfants hospitalisés ; 80% d’entre eux guérissent. Pour certaines leucémies, ils sont plus de 90%, ce qui représente un progrès fantastique, car ils étaient moins de 60% dans les années 70. Mais, aux HUG, des enfants meurent quand même chaque année. Il arrive que le traitement ne fonctionne pas ou qu’il y ait des rechutes. Parfois, pour certains types de cancer, on sait d’emblée que nous ne pouvons rien faire.

TdG : Quel est l’objectif de la recherche aujourd’hui?

Dr A. : Le but est de comprendre ce qui peut sauver les enfants qui rechutent. A Genève, nous avons la chance énorme de participer à des programmes de recherche internationaux. En Suisse, 200 nouveaux cas par an de cancer de l’enfant se déclarent chaque année. Cela ne permet pas d’avoir un pouvoir statistique suffisant pour faire évoluer la recherche. C’est pour cela que nous travaillons avec l’Europe et les Etats-Unis. Nous réfléchissons aux protocoles ensemble et l’analyse des résultats permet d’améliorer les traitements. C’est une chance incroyable pour la Suisse de faire partie de ces réseaux.

TdG : A Genève, vous avez créé une plateforme de recherche multidisciplinaire.

Dr A. : Oui. Fin 2011, nous avons créé une plateforme de recherche qui s’intéresse à la génétique du cancer. Elle développe actuellement une dizaine de projets. Médecins, biologistes, pharmacogénéticiens, biostatisticien, immuno-infectiologues, bioinformaticien : nous avons recruté des personnes en Inde, en Angleterre, en Italie, en France. Cette diversité de formations permet d’analyser un même problème sous un angle à chaque fois différent. C’est extrêmement important.

TdG : En quoi cela est-il nouveau?

Dr A. : Sans argent privé, ce montage aurait été impossible. Avec des amis, nous avons monté une fondation, CANSEARCH, et trouvé de l’argent auprès de donateurs privés, principalement genevois, dont la fondation Wilsdorf. Les comptes sont contrôlés par une fiduciaire privée. La fondation est indépendante de l’Université et des HUG mais travaille en partenariat avec eux. Un conseil scientifique composé de grands experts.

Interview réalisée par Sophie Davaris pour La Tribune de Genève (01/05/2013)

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